Manager par le pouvoir




Hier principal enjeu de l'entreprise, le pouvoir est, aujourd'hui, le pire ennemi du manage­ment. Le pouvoir, dans son acception classique, est dĆ©passĆ©, car source d'in­justice et gĆ©nĆ©rateur de frustrations. Le management, avec une nouvelle approche du pouvoir, constitue le nouveau paradigme de l'entreprise. Tel est l'enjeu de l'entreprise d'aujourd'hui et de demain. Ne plus rĆ©gir par le pouvoir pour produire de l'obĆ©issance, mais plutĆ“t par le partage pour co-Ć©laborer, co-crĆ©er et co-construire. Pour que, in fine, l'en­semble du personnel porte les dĆ©fis et les ambitions de l'entreprise.
L'entreprise sous double contrainte
L'entreprise vit, aujourd'hui, une double crise. Une crise Ć©conomique et une crise sociĆ©tale. La crise Ć©cono­mique, qui a dĆ©marrĆ© en 2007 et dont les soubresauts continuent Ć  Ć©branler les Ć©quilibres des entreprises. Les changements sont devenus de plus en plus frĆ©quents et imprĆ©visibles, provoquant une perte des repĆØres et son corollaire la peur. Une crise so­ciĆ©tale, portĆ©e par des hommes et des femmes en entreprises qui rĆ©clament de prĆ©sence en entreprise.
Le manager 2.0 ou l'approche du pouvoir
Le manager 2.0 doit gĆ©rer, au quoti­dien, cette Ć©quation Ć  double incon­nu : l'environnement et les ressources humaines. Comme dans une Ć©qua­tion mathĆ©matique : on ne peut trou­ver X que par Y, ou inversement. Il en est de mĆŖme en entreprise. Sans la version «X», l'entreprise peut faire des soubresauts de l'environnement un tremplin pour changer et Ć©voluer Ć  une seule et unique condition : savoir faire adhĆ©rer ses Ć©quipes au dessein de l'entreprise. Dans la version «Y», l'entreprise peut rĆ©pondre aux nou­velles aspirations de ses forces vives en utilisant l'environnement comme matĆ©riau Ć  exploiter pour servir son dessein.
Aller vers le «pouvoir pour»
Le changement de l'environnement est une donnĆ©e exogĆØne sur laquelle l'entreprise n'a aucun pouvoir. Cela ne veut pas dire, cependant, qu'elle doit le subir et baisser les bras. Au contraire, elle peut en faire une ma­tiĆØre de croissance. Par contre, en interne, le manager a un pouvoir. Il est le seul maĆ®tre Ć  bord. Il est le chef d'orchestre. Le manager Atlas utilise le pouvoir pour asseoir son autoritĆ©, sa lĆ©gitimitĆ© et son mode de management. Il est dans, ce que nous appelons en coaching, le «pou­voir sur». Il pense, dĆ©cide, donne des ordres, sanctionne, explique, rappelle Ć  l'ordre, contrĆ“le, etc. Le revers de la mĆ©daille de ce type de pouvoir ? «Le besoin de l'autre est ignorĆ© ou combattu. Le pouvoir devient alors l'expression d'un rapport de force dans lequel on ne peut vivre qu'en domination ou en sou­mission», explique F. DĆ©livrĆ©, coach franƧais, in «MĆ©tier de coach». Le manager et ses collaborateurs enga­gent alors un rapport de force, dont l'entreprise peut trĆØs bien se passer en ces temps de crise pour canaliser l'Ć©nergie de l'ensemble de ses forces vives afin de scruter son environne­ment, de l'anticiper et de s'y adapter.
Le besoin du collaborateur est aussi important
Le nouveau paradigme de l'entrepri­se exige du manager de faire Ć©voluer sa conception du pouvoir. De passer du «pouvoir sur» Ć  «pouvoir pour». De passer de manager donneur d'ordre Ć  manager ressource pour ses collaborateurs. Il devient celui qui encourage, qui donne envie, qui fĆ©dĆØre, qui mobilise autour des pro­jets de l'entreprise, pour qu'il ne soit plus le seul Ć  les porter. Mais, est-ce possible ? me demande-t-on, assez souvent. Oui. C'est possible, puisque les collaborateurs ne demandent que Ƨa : s'impliquer, ĆŖtre reconnus, s'in­vestir pour une cause, pour un projet qui les interpellent. Un besoin ignorĆ© produit de la frustration et, Ć  terme, secrĆØte la dĆ©motivation. Dans le cas contraire, il devient source de frustra­tion et de repli sur soi. Je prends pour preuve le cas d'une entreprise dans les IT que j'ai accompagnĆ©e. Lors d'une rĆ©union hebdomadaire, deux directeurs (des cinq) ont confiĆ© qu'ils commenƧaient Ć  s'ennuyer. Le mana­ger Atlas les aurait tancĆ©s et rappelĆ©s Ć  l'ordre. C'est une rĆ©union sĆ©rieuse et il n'y a pas lieu de passer du bon temps. Par contre, le manager 2.0 a interpelĆ© les trois autres directeurs. Un ne s'en est pas plaint. Mais deux autres ont reconnu «que Ƨa commence Ć  ronronner». Il leur demande alors de lui faire une proposition. SĆ©ance tenante, ils lui ont proposĆ© de tenir la rĆ©union du lundi matin en dehors du lieu de travail. Depuis, «nous bouclons nos rĆ©unions en moins de temps qu'au bureau, avec plus d'impact», me confie le directeur gĆ©nĆ©ral.
Le collaborateur, une ressource Ć  optimiser
Le «pouvoir pour» permet, en ef­fet, au manager de construire une nouvelle relation avec ses collabora­teurs basĆ©e sur la co-responsabilitĆ© et l'autonomie. Cela prĆ©suppose, je tiens Ć  le prĆ©ciser, que le manager ne pense plus collaborateur Ć  gĆ©rer, mais, plutĆ“t ressource Ć  optimiser.

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